Savoir-faire d'artiste:
la représentation des navires anciens
Depuis l’Antiquité jusqu’au XVIe siècle, les connaissances théoriques à propos des navires ont très peu évolué. L’art de la construction et celui de la navigation restent empiriques, leur représentation par les artistes, aussi. C’est pourquoi les images datant d’avant 1600 sont peu réalistes et souvent très approximatives.
Sous l’impulsion de Colbert, ministre de Louis XIV, l’art de la marine fait d’immenses progrès grâce aux découvertes techniques et aux nouvelles sciences mathématiques.
Au siècle suivant, deux ingénieurs, Henri Louis Duhamel du Monceau et Pierre Bouguer, rédigent des ouvrages extrêmement détaillés, illustrés de gravures particulièrement précises. L’art naval français est alors le premier du monde occidental.
A la demande du roi Louis XV, le peintre Horace Vernet représente les panoramas détaillés de dix ports français, dont celui de Dieppe. L’école hydrographique de Dieppe est alors la plus dynamique en France et forme la plupart des capitaines et pilotes des côtes normandes.
Au XIXe siècle, la science progresse encore. Parallèlement, l’époque romantique se passionne pour les "fortunes de mer" (tempêtes, accidents, naufrages) que les artistes mettent en scène de façon dramatique, soit pour des raisons socio-politiques ("Le Radeau de la Méduse") soit pour satisfaire le goût du public face aux faits-divers maritimes.
Le dessin d’un navire, pour être en phase avec la réalité, ne supporte pas les approximations : rarement rectilignes, les formes obéissent à des lois géométriques qui dépendent de l’angle de vue.
Avant les années 2000, les logiciels de dessin étaient extrêmement rares. L’artiste travaillait encore avec des instruments traditionnels qui demandaient un grand savoir-faire : le tire-ligne, le compas, le gabarit.
Lors de la visite d’un illustre personnage, les navires de la Marine arborent le Grand Pavois : bel exemple de mise en scène graphique documentée.